Avec l’autorisation de l’auteur

Cinq extraits

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Au-delà de la dépendance politique envers un
pays lointain, une colonie était un pays organisé pour
avoir une économie centrée, non sur ses propres besoins,
mais sur ceux de sa Métropole. Je n’en donnerai qu’un
exemple : le Congo belge aurait pu produire lui-même
une part notable de certains produits sidérurgiques dont il
a, comme tout pays, besoin. Mais le colonisateur a estimé
que le Congo devait rester un acheteur de la sidérurgie
belge et ne développer que le secteur des non-ferreux, que
la Belgique ne produisait pas.
[…]

[…] Le problème du développement des colonies, c’est
qu’il s’est fait en fonction de besoins et avec des priorités qui n’étaient pas ceux de la population.
[…]

[…] L’économie léopoldienne reposait sur l’exploitation la plus primitive de toutes : la cueillette. […]

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[…] Dès juin 1937, Pierre Ryckmans argumente : “C’est le Congo qui paye la défense des intérêts belges au Congo. C’est le Congo qui supporte les frais de son outillage, fourni par la Belgique et profitant à la Belgique. Et la Belgique, que fait-elle pour le Congo ? Elle y place ses capitaux ? Mais ce n’est pas par altruisme. Elle en place ailleurs, dans le monde entier, avec moins de garanties. Elle lui abandonne les quatre cinquièmes de la taxation sur les bénéfices des sociétés coloniales ayant en Belgique leur siège administratif? Mais ce n’est pas un sacrifice fait par la Belgique à sa colonie, c’est une facilité accordée aux sociétés belges par la Colonie”. […]

[…] Le Congo peut regretter que l’Etat n’ait pas eu de quoi financer lui-même la construction du chemin de fer des Grands Lacs , conclut le GG (Ryckmans) décidément très attentif au caractère prédateur des sociétés opérant dans la colonie.

Page 11 : Très intéressant à lire aussi la note 21.

A la veille l’Indépendance, il n’y avait PERSONNE au Congo qui fût en mesure de
jouer économiquement le rôle de bourgeoisie capitaliste nationale. Ni parmi les Blancs, ni parmi les Noirs. Les Européens les plus importants dans le domaine des affaires étaient les cadres de grandes compagnies, c’est-à-dire des salariés, de luxe, peut-être, mais des salariés.
Quant aux indigènes, qu’ils soient salariés ou indépendants, leurs revenus étaient, dans l’ensemble, médiocres.

Page 13 : L’auteur renvoit à René Dumont (1962). Voir sur ce site le passage concernant les belges.

Les années ’60, qui virent tant d’indépendances africaines, sont aussi l’époque où l’on
constata, avec R. Dumont, que « L’Afrique noire est mal partie », et où l’on se mit à parler beaucoup de « sous-développement » et, bien sûr, de ses corollaires : la « coopération au développement » et les théories du « développement économique » […].

Page 18 : Mobutu et ses “deux millions”.

Deux traits de caractère de Mobutu – tous ceux qui l’ont connu l’admettent – ont guidé son « activité économique » : sa mentalité de chasseur-cueilleur et son rapport naïf à l’argent.
Un commerçant zaïrois résume crûment : « Il était fondamentalement incapable de faire un bilan , parce qu’il n’avait jamais eu besoin d’en faire un. Son idée du financement consistait à prendre le téléphone, d’appeler Seti Yale (un proche devenu très riche grâce aux largesses du président, ndlr) et de lui dire: ”Envoie-moi deux millions.”